Le SBR (de l’anglais Sequencing Batch Reactor) est un procédé d’épuration biologique s’appliquant notamment aux effluents fromagers et vinicoles. Les Ateliers d’Occitanie développent la commercialisation de ces stations de traitement pour des coopératives, mais aussi de plus en plus pour des exploitations agricoles.
Les rejets d’une fromagerie, d’une cave viticole ou d’une industrie de produits agricoles contiennent généralement du carbone, de l’azote et du phosphore. Lorsqu’ils sont déversés dans le milieu naturel, ils risquent de provoquer un développement d’algues et de bactéries qui consomment l’oxygène de l’eau et finissent par asphyxier les rivières. Dans les nappes phréatiques, ils altèrent la qualité des eaux de forage en augmentant, par exemple, la teneur en nitrate.
Une collaboration avec l’Inra
En vue d’éviter ces problèmes, il convient d’enlever la pollution de l’eau avant son rejet dans la nature. En matière de traitement biologique des effluents, l’un des procédés les plus répandus est celui à boues activées. Cette technique comprend souvent un stockage tampon, un réacteur biologique aéré et un décanteur final permettant de clarifier et d’extraire les boues en excès. Or, avec ce genre d’installation, on observe des dysfonctionnements qui, la plupart du temps, sont liés à des problèmes de décantation. Il n’est donc pas idéal pour des fromageries fermières, du fait de la complexité de son suivi.
Il existe une autre solution de micro station d’épuration par voie biologique : le SBR (Sequencing batch reactor) à cuve unique. Il désigne un procédé de dépollution discontinu. La décantation se passe directement dans le réacteur biologique servant à la fois de bassin aéré et de décanteur. Les boues en excès sont purgées par le fond. En amont, pas de stockage d’effluents : ils arrivent dans le réacteur au fur et à mesure de leur production. La phase de décantation est programmée pendant une période sans arrivée d’effluents. Elle est forcément plus efficace, puisqu’aucun flux opposé ne vient perturber la sédimentation des boues. L’aération est arrêtée au cours de la nuit. Une fois épurés, les effluents sont rejetés avant le redémarrage de l’activité matinale.
A la suite de nombreuses études, le système SBR a été optimisé et adapté en micro station d’épuration pour petits ateliers agroalimentaires par le laboratoire de biotechnologie de l’environnement à l’Inra de Narbonne, en collaboration avec le service environnement des Ateliers d’Occitanie. Cela fait dix ans que cette entreprise, siégeant à Narbonne, a développé industriellement le procédé (sous licence exclusive de l’Inra) dans plusieurs domaines d’application : dépollution des eaux blanches en coopératives laitières, dépollution combinée des eaux blanches et du sérum, dépollution des effluents d’abattoirs et de caves viticoles, traitement des eaux usées urbaines issues de petites communes.
L’Inra assure en permanence une assistance scientifique et technique, en particulier dans le cadre de nouveaux projets relatifs à des effluents atypiques.
Les premiers ouvrages ont été réalisés dans des cuves en acier dont la mise en place est simplifiée. Eventuellement, on peut déplacer la micro station d’épuration, en cas d’extension de l’activité ou de déménagement. Les Ateliers d’Occitanie ont ensuite adopté des structures en béton. Aujourd’hui, les cuves généralement en résine ont une contenance allant jusqu’à 30 m3. Celles en acier vont au de-delà de cette contenance. « Nous avons choisi des systèmes très compacts et totalement fermés pour leur grande discrétion et leur intégration paysagère », indiquent les responsables du service environnement aux Ateliers d’Occitanie. Par rapport à un système de traitement ouvert dans lequel la température du réacteur peut descendre en dessous de 10 ° C en hiver, le procédé SBR couvert maintient une température bien plus élevée, toujours supérieure à 18 ° C. Cela favorise et accélère les réactions biologiques, l’efficacité étant optimale entre 20° C et 30° C.
Du matériel robuste et fiable
Par ailleurs, les Ateliers d’Occitanie attachent de l’importance au choix de leurs équipements : un matériel robuste et fiable limitant les interventions. Tout l’équipement électromécanique est accessible par des trappes facilitant le remplacement des éléments en cas de panne. En règle générale, toutes les pompes sont identiques, de sorte qu’une seule est prévue de secours, d’où une économie d’investissement. Enfin, l’armoire électrique est composée d’éléments télémécaniques classiques qu’il est possible de remplacer, sans faire appel aux Ateliers d’Occitanie.
« Notre souci majeur est de proposer à nos clients un procédé rustique et très simple afin d’en assuré le suivi. Les contrôles à effectuer sur la micro station d’épuration sont réduits au strict minimum. De même que les équipements : pas de décanteur ni de recyclage de boues biologiques en tête. Ainsi, nous diminuons fortement la consommation d’électricité. En travaillant en mode faible charge, nous augmentons légèrement la dépense énergétique, mais nous réduisons considérablement la production de boues par autoconsommation. »
Colette BOUCHER
Les Ateliers d’Occitanie commercialisent le procédé SBR pour des coopératives et de plus en plus pour des exploitations agricoles.
LES ATELIERS D’OCCITANIE
Une cinquantaine de sites équipés
Depuis que les Ateliers d’Occitanie ont commencé de commercialiser le procédé SBR en 1994, une cinquantaine de sites en France sont équipés. Ce sont en grandes majorité des coopératives fromagères implantées en Franche-Comté, mais aussi en Savoie et Haute-Savoie. On citera, également, quelques coopératives viticoles du Languedoc Roussillon, du Bordelais et du Beaujolais. En 2000, le SBR a été adapté à de petites unités d’ateliers fromagers pour le traitement de eaux blanche et du sérum, ce qui a permis d’équiper notamment certaines exploitations laitières de Haute-Savoie ainsi que la chèvrerie du lycée agricole de Mâcon-Davayé (Saône et Loire). A Vernioz dans le nord de l’ Isère, le Gaec de la ferme de Montgay est satisfait d’avoir choisi ce type de micro station d’épuration en septembre 2003. Une cuve de 40 m3 en acier a été enterrée pour traiter les eaux usées de l’atelier de transformation fromagère et de la salle de traite. L’investissement a coûté environ 22 000 euros tout compris. Il fait suite aux travaux de mise aux normes des bâtiments d’élevage réalisés en 1997-1998 dans le cadre du PMPOA.
Désormais, cette exploitation répond aux normes environnementales des effluents d’origine agricole grâce à la micro station d’épuration. Ici, au sud de Vienne, Gérard Dutour est associé en Gaec avec sa sœur sur la ferme familiale qui emploie de la main d’œuvre salariée. En moyenne, le troupeau est composé de soixante-quinze vaches Prim’Holstein et leur suite. Sur un quota global de 510 000 litres de lait, 200 000 à 220 000 litres sont actuellement transformés et essentiellement destinés à la vente directe.